La passion pour la dashcam – une petite boîte noire de l’automobile – nous vient de la Russie, où les rues ne sont pas envahies uniquement par des ours mais aussi et surtout par de mauvais automobilistes. Encore gadgets en France, elles sont devenues quasi indispensables au large de l'ex-URSS, et leur popularité prend de l'ampleur aux États-Unies et dans les pays du Vieux Contient.
Le mot dashcam vient de la contraction des mots anglais dashboard – tableau de bord – et camera. Il s’agit d’une petite caméra embarquée que l’on fixe sur le pare-brise ou sur le tableau de bord – d'où son nom caméra de bord – et qui se met à filmer dès que l'on monte dans la voiture. Certaines continuent à veiller même quand on n'est plus là.
Mais à quoi sert réellement une dashcam ? Le principe d'une dashcam est de filmer en continu tout ce qui passe devant et autour de l’automobile sur la route et de jouer le rôle de témoin visuel en cas d’accident ou d'accrochage.
Elle peut également se rendre utile pour contester certaines PV. Exemple : vous recevez une amande et un retrait de points pour avoir grillé un feu rouge alors que vous n’avez fait que vous avancer pour laisser passer un véhicule de police ou une ambulance. Un cliché de radar ne montrera pas toujours les véhicules prioritaires qui restent derrière au moment de la prise du cliché. Une dashcam en revanche montrera les véhicules passer sur la vidéo quelques secondes plus tard et enregistrera le son des gyrophares.
C'est aussi un bon moyen de dissuasion : en présence de l'"œil impartial" de la caméra, votre interlocuteur aura moins envie de donner de fausses témoignages. Une dashcam aura de très fortes chances de faciliter la signature du constat amiable.
Et enfin c'est une occasion d'immortaliser des moments inattendus, spectaculaires ou éphémères qui arrivent tous les jours et que nous n'avons jamais le temps d'enregistrer. En voici un excellent exemple !
Chute d'une météorite en Russie filmée avec une dashcam. Cliquez pour ouvrir la vidéo dans YouTube.
Selon le pays, la loi ne traite pas la dashcam de la même façon. Preuve légale en Russie dont les vidéos ont littéralement envahi l’internet, la dashcam est interdite en Autriche pour cause de violation de la vie privée avec une amande de 10 000 € en cas d’installation.
Aucune loi spécifique ne régularise les dashcams en France. Leur installation est donc tolérée et le recours aux images enregistrées avec la dashcam est possible. Vous avez le droit de fournir une vidéo enregistrée avec votre dashcam en tant que "preuve par l’image" devant le tribunal. Ainsi en cas de désaccord avec un PV ou une infraction, mettez toutes les chances de votre côté et n'hésitez pas d’utiliser vos fichiers vidéo. En revanche ce sera au juge de décider si votre preuve est recevable.
Pour donner plus de crédibilité à vos enregistrements, vous pouvez opter pour des caméras avec GPS intégré et une date automatique non-modifiable. Le magazine AutoPlus conseille également d’appeler l’horloge parlante au 3699 et d’enregistrer le son et l’image sur la même vidéo que l’accident.
Evitez de diffuser sur internet les images issues de votre dashcam si elles contiennent des visages dévoilées. En principe une autorisation préalable de la personne qui apparait dans la vidéo est nécessaire. Faute de quoi cette acte peut constituer une atteinte à sa vie privée.
En cas d’accident, les assurances auto ne sont pas obligées de prendre en compte vos enregistrements. Elles n’obligent pas non plus les automobilistes de disposer d'une dashcam au bord de leur véhicule.
Jusqu’à présent une seule assurance auto accordait une réduction sur les cotisations annuelles des automobilistes ayant installé une dashcam au bord du véhicule. Il s’agissait d’un partenariat entre le fabriquant français RoadEyesCam et la société BA Assurances qui n'a malheureusement pas perduré : quand nous avons contacté l’assureur pour avoir plus d'informations, celui-ci nous a confirmé que l'offre n’était plus d’actualité.
Pour en finir donc, l'installation d'une dashcam n’a aujourd'hui aucune influence sur les cotisations chez aucune assurance.
En tout cas pas encore.
Malgré plusieurs avantages, tous ne voient pas la dashcam du même (bon) œil. Les opposants appréhendent surtout l’arrivée du Big Brother. Un vrai problème étique pourrait se poser en cas de généralisation des petites boîtes noires. De fait, une personne se retrouverait en train d’etre filmée par des dizaines de caméras cachées dès qu’elle met son pied dehors.
La Ligue de Défense des conducteurs poussent ses craintes encore plus loin. Dans son communiqué de presse, elle considère que l’installation d’une dashcam provoquerait un effet “rodéo” chez certains (mauvais) conducteurs : ils seraient tentés de se filmer en train de faire des bêtises au volant pour montrer ensuite la video à leur copains.
Autre point de vigilance – une installation obligatoire des dashcams entraînerait des homologations et révisions régulières, elle aussi obligatoires. Au final, ce qui est sensé réduire les coûts des automobilistes pourrait bien leur en causer encore plus.
« Ne vous laissez pas embarquer ! » – avertit la Ligue des conducteurs. «...Avec des caméras ayant la possibilité de filmer également l'intérieur du véhicule, [les dashcams] pourront devenir de véritables mouchards et offrir autant d’occasions de verbaliser même a posteriori le moindre écart de conduite. »
Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d’automobilistes” n'est pas du même avis. Il compare la dashcam à un troisième oeil qui permet de capturer l’instant au moment où l’automobiliste est pris par l’événement, un "carnet" que l'on n'a pas eu le temps de sortir pour noter une plaque d'immatriculation. La présence d'une dashcam serait plutôt un facteur responsabilisant. Un automobiliste avec une dashcam est un « automobiliste qui a un comportement vertueux au volant », – avout-il dans une vidéo publiée sur le site de l'association. Pour lui, les dascams ne sont « pas les ennemies de la sécurité routière [mais] des amis lorsqu’ils sont bien utilisés ». Qu'il s'agisse des dashcam ou des GPS, il appelle avant tout à laisser aux automobilistes le choix de suivre le mouvement des nouvelles technologies.
